lundi 4 février 2008

Ces livres qui m'ont plu

The Kite Runner (Les cerfs-volants de Kaboul) de Khaled Hosseini
Roman bouleversant, plein de tendresse et d'humour, en même temps que truffé de violence sous-jacente. Amir et Hassan sont élevés ensemble. Le premier est le fils d'un homme d'affaires Afghan prospère, l'autre le fils du cuisinier. On découvre au fur et à mesure de sa lecture la profondeur des liens qui existent entre les deux enfants, pour enfin apprendre la nature de ce lien à la fin du roman. Malgré son amour et son amitié pour Hossan, malgré la reconnaissance qu'il lui voue pour le défendre contre les petits voyous du voisinage, Amir éprouve pour lui une jalousie primaire et injustifiée. Incapable de se montrer à la hauteur des attentes de son père, il voit d'un mauvais oeil Hassan glaner les félicitations et les encouragements qu'il voudrait pouvoir mériter à sa place. Sa frustration le pousse un jour à commettre un geste irréparable - dont il se repentira toute sa vie - car il ment pour faire chasser Hossan et son père. Ce n'est que vingt ans plus tard qu'Amir pourra apaiser sa conscience en risquant même sa vie en souvenir de son ami.

Ce roman prenant et bouleversant raconte également la chute en enfer d'un pays où il faisait jadis bon de vivre. L'arrivée des Russes marque le début de la fin. Les Talibans qui leur succèdent apportent avec eux un cortège de violence, de drames, de souffrances et de misère. Quelques heureux réussissent à faire leur vie ailleurs, dont Amir et son père qui émigrent en Californie. D'autres, tel Hassan, subissent le sort cruel réservé à ceux qui ont eu le malheur de naître différents de la majorité. --- J'ai lu les 324 pages de ce roman en moins de trois jours. Je vais maintenant voir le film qui vient de sortir. J'espère ne pas être déçue...

The Inheritance of Loss (La perte en héritage) par Kiran Desai
L'histoire se déroule à Kalimpong, dans le district de Darjeeling, région aux confins de l'Inde, située près de la Chine, du Népal et du Tibet. Un vieil homme, égoïste et original, vit dans une maison délabrée avec son cuisinier et son chien. Leur vie est bouleversée lorsqu'arrive Sai, la petite-fille du vieil homme, adolescente qui vient de perdre ses deux parents dans un accident. Il ne la connaît pas, comme il ne connaissait pas sa mère, née après qu'il eut chassé sa femme, retournée dans sa province. Peu à peu, on pénètre dans cette bulle constituée des quelques voisins qui vivent comme au temps du Raj avec toutes les manières et les symboles conservés du temps de la domination britannique. Ils ont gardé la nostalgie des belles manières parce qu'ils faisaient partie de cette frange d'Indiens privilégiés ayant étudié en Angleterre à l'époque. En filigrane, on assiste aux convulsions identitaires des Ghorkas qui secouent la région et auxquelles Sai est indirectement mêlée parce qu'elle est tombée amoureuse de son professeur de mathématiques, lui-même entraîné sans le vouloir dans le flot des rebelles. Un autre personnage se débat lui aussi avec sa quête d'identité et on le voit en Amérique, englué dans la misère des sans-papiers, des illégaux, rats de cave exploités par les bien natis et gardant toutefois la foi en un avenir meilleur, jusqu'au jour où il réussit péniblement à faire marche arrière en retournant au pays près de son père, le cuisinier du grand-père. Roman à la fois drôle et profond qui pourrait se dérouler dans n'importe laquelle ancienne colonie.

Ma vie rebelle, traduit de l’anglais « Infidel » par Ayaan Hirsi Ali.
Ce livre m’a profondément bouleversée. Je l’ai dévoré en 48 heures, fascinée que j’étais par le combat unique qu’a mené cette femme contre l’emprise de l’Islam sur la vie de ses coreligionnaires, en particulier les femmes. L’auteur s’insurge contre cette religion qui réduit les gens en esclavage d’un Dieu réglant les moindres détails de la vie quotidienne et elle dénonce la pusillanimité des Occidentaux face à la montée de l’intégrisme des Islamistes.

Un pouvoir nommé désir, Catherine Nay, éd. Grasset & Fasquelle, 2007.
Cette biographie de Nicolas Sarkozy se lit comme un roman. On suit l’homme depuis son enfance jusqu’aux marches de l’Élysée et on se demande, comme des milliers de gens, d’où il tire son indomptable énergie. Il est intéressant de découvrir – pour qui s’intéresse à la politique française – les rouages, les intrigues et les arcanes de la jungle politique où les lois répondent à un impitoyable ensemble de règles, pas toujours faciles à comprendre ni à justifier.

La fille des Louganis, Metin Arditi, éd. Actes Sud, 2007.
Intéressant petit livre dont une partie de l’histoire se déroule sur l’île de Spetses, haut lieu de l’histoire de l’indépendance de la Grèce contre la Turquie dont l’héroïne, « La Bouboulina », a fait l’objet d’une biographie romancée par Michel de Grèce. Je me souviens avoir été impressionnée par l’immense statue qui nous accueille dans le port de Spetses et par la visite de cette île. La fille des Louganis, c’est Pavlina. On pénètre dans la rude vie des petites gens usés par le travail, on se heurte à la rigidité des convenances sociales, et on suit le fil d’une vie toute axée sur une idée fixe de Pavlina, retrouver l’enfant qu’elle a dû donner en adoption. De Spetses à Athènes et d’Athènes à Genève, l’histoire reflète les hasards des rencontres et la chaleur de l’amitié.

Mensonges de femmes,
traduit du russe, Ludmila Oulitskaïa, éd. Gallimard, 2003.
Le livre donne l’apparence d’être une série de nouvelles sur le thème du titre. C’est en partie vrai, sauf que la même héroïne est présente tout des divers épisodes. Certains sont légèrement teintés d’extravagance, mais c’est du pur russe que l’on déguste comme du caviar. On devine la nouvelle société d’après la perestroïka par quelques éléments révélateurs alors que d’autres sont le reflet d’habitudes prises sous le communisme. Distrayant.

Le treizième conte, traduit de l’anglais « The Thirteenth Tale », Diane Setterfield, éd. Feux croisés, 2006.
J’ai eu du mal à m’y mettre, mais je suis allée jusqu’au bout et j’en ai retiré un plaisir mitigé. Curieux mélange qu’est ce roman contemporain qui rappelle le style des sœurs Brönte, de Daphné Du Maurier et de Jane Austen. Un peu de fantastique qui n’en est pas vraiment, des ambiances sombres, parfois morbides, des personnages antipathiques. Quelques invraisemblances aussi. L’écriture élégante et recherchée lui donne heureusement un peu de lustre.

La porte bleue, traduit de l’anglais (Afrique du Sud), André Brink , Actes Sud, 2007
Histoire étrange, mais finalement bien ficelée. Un peintre arrive un jour devant la porte du petit cottage qu’il a transformé en atelier pour découvrir qu’elle a été peinte en bleu. À l’intérieur, il y trouve une jeune femme noire et deux enfants qui agissent comme s’il était le mari et le père rentré d’une journée normale de travail. Angoissé, le peintre cherche à retrouver son appartement et sa femme (blanche comme lui), mais il se perd dans son quartier qu’il ne reconnaît plus et il réalise que tous les repères qui jalonnaient son existence tranquille jusque là ont été effacés. Récit kafkaïen qui nous entraîne dans une spirale sans fin où les frontières entre le réel et l’irréel sont devenues poreuses. Cette porte s’ouvre en fait sur la mémoire de l’apartheid.

Memory Keeper’s Daughter, Kim Edwards
Un médecin accouche sa femme en présence d’une infirmière pendant une tempête qui les empêche de se rendre à l’hôpital. Le garçon est beau et normal, mais la petite fille présente tous les signes du syndrome de Down. Le médecin ordonne alors à son assistante d’aller la placer dans une institution pour enfants handicapés. A sa femme, il dit que le deuxième bébé est mort-né. Sur un coup de tête, l’infirmière décide de disparaître avec l’enfant et de l’élever seule. Elle efface toute trace derrière elle et s’installe dans une autre ville avec l’enfant qu’elle fait passer pour sa fille. Tout le roman est bâti autour des conséquences de ce geste. L’auteure nous plonge dans les affres de la culpabilité du père, dans l’angoisse de la mère qui croit sa fille morte et dans le désarroi du fils qui assiste impuissant au désagrégement de sa famille. Elle décrit aussi avec beaucoup de soin la lutte qu’ont dû mener les parents d’enfants handicapés mentalement pour les faire admettre dans des écoles normales et le long processus d’éducation de ces enfants. La mère et le fils retrouveront la jeune fille après la mort du père et réussiront à l’intégrer à leur vie sans que pour autant elle rompe les fils qui la lient à sa famille d’adoption.

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Hiver comme été, j'aime rouler