samedi 3 novembre 2007

Au hasard des chemins

La route est parfois surprenante par les rencontres qu'on y fait. J'étais en Provence où je passais quelques jours à décorer notre appartement, acheté récemment et meublé sommairement en vue de le mettre en location saisonnière. Au bout du chemin qui devient vite rural, un viticulteur bourguignon à la retraite est venu y planter quatre hectares de ceps qui donnent un vin honnête décliné dans les trois couleurs habituelles. Voulant rapporter quelques bouteilles en Belgique, je m'arrêtai près de l'affiche "vin à vendre" qui bordait la route et je descendis aussitôt de ma voiture à la rencontre du souriant monsieur qui venait vers moi. En Provence - Peter Mayle serait d'accord avec moi - on n'aborde pas immédiatement l'objet de sa visite, même si dans le cas présent il n'y avait pas de doute sur mes motivations. Le temps admirable qu'il faisait en cette journée d'octobre et l'odeur du fenouil fraîchement coupé incitaient à profiter du plaisir d'être dehors. Je songeais en moi-même aux longs mois de grisaille que je venais de traverser dans ma Belgique d'adoption et j'enviais les heureux élus qui pouvaient encore se promener en sandales.

La plaque étrangère de ma voiture et surtout mon accent d'ailleurs mirent mon interlocuteur sur la voie de la curiosité. Qu'est-ce qui m'amenait dans la région? Pourquoi avais-je quitté mon beau Québec ? Est-ce que je connaissais un tel et un tel à Montréal ? Je me prêtai donc au jeu des questions - posées très gentiment - et des réponses que je fournis sur le même ton puisque j'avais le temps et que personne ne m'attendait avant deux jours en Auvergne. Et puis, j'avais envie de bavarder avec quelqu'un après les quelque mille kilomètres parcourus seule au volant de ma voiture.

J'en vins donc à lui dire que j'écrivais et que j'étais attendue pour un salon du livre. Je fus surprise par sa réaction ! Il demanda à voir mes livres, dont je transportais une certaine quantité dans le coffre en vue du salon, il en prit un puis un autre et me demanda s'il pouvait en acheter un de chaque titre à la condition que j'accepte d'être payée en nature... soit un carton de vin pour chaque livre !!! J'avais prévu acheter trois cartons dont le prix total excédait la valeur de mes romans et je protestai en disant que c'était trop. Rien à faire ! Mieux encore, il insista pour m'amener à sa maison, située en retrait à environ cent mètres, afin de rencontrer son épouse.

Je passai donc le reste de l'après-midi avec eux, à me faire dorer au soleil avec le chat qui tricotait des huit autour de mes jambes. En les quittant, je réalisai que je venais de troquer des livres contre du pinard !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

un bourguignon qui plante de la vigne en Provence ? c'était un carton de Pommard ? de Hautes Côtes de Baune...? Non mais c'était une très bonne transaction je pense

Hiver comme été, j'aime rouler